Transidentité : Quelle attitude pour l’Eglise ?

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C’était il y a quelques jours. L’annonce de la sortie de l’émoji « homme enceint » sur les appareils Apple faisait hurler les plus « conservateurs » et bondir de joie les plus « progressistes ». Car même si le phénomène est aujourd’hui absolument marginal, il dit quelque chose de notre société.

Et si notre société est confrontée à ces sujets, alors l’Eglise doit pouvoir apporter une réponse claire et argumentée.

Elle ne peut plus se contenter de dire : « la Bible est claire, c’est un péché », et rien d’autre. Elle doit tenir compte de cette réalité de la société, et elle doit se positionner sur sa manière d’intégrer - ou non - cette réalité dans son fonctionnement.

La transidentité revêt différentes réalités. En particulier :

  • Les personnes transexuelles ont modifié leur corps au moyen d’interventions humaines (prise de médicaments, opération chirurgicale pour changer de sexe). La première opération du genre date de 1930. En l’espèce, l’Eglise n’avait pas de questions à se poser sur le sujet avant cette date.
  • Les personnes transgenres, elles, adoptent l’apparence et le mode de vie habituellement attachés à l’autre genre, tout en conservant leur sexe de naissance. Toutes d’ailleurs ne se reconnaissent pas dans le système binaire homme / femme.

En ce sens, la transidentité n’est pas un phénomène récent, tout du moins sur son volet transgenre. Mais la sortie de l’ombre et la meilleure acceptation sociale de la transidentité au cours des dernières décennies amène l’Eglise, à l’instar de l’ensemble des institutions sociales, à interroger ses croyances sur le sujet.

Et la question n’est pas simple.

La Bible pose en effet, dès ses premières lignes, la différence entre le masculin et le féminin, le mâle et la femelle, et présente par la suite une position tranchée sur les questions de genre. Les efféminés ne sont pas en odeur de sainteté, c’est le moins que l’on puisse dire.

Mais alors, comment agir lorsque, ici où là, un homme maquillé et habillé en tenue de femme, se présente à l’église. L’Eglise peut-elle ainsi contredire le message d’accueil et d’amour du Christ en leur demandant - poliment il s’entend - de ne pas assister aux célébrations, ou du moins pas dans cette tenue ?

L’église est dans le monde, et elle ne plus faire comme si cela n’existait pas. Elle doit embrasser le sujet avec humilité et courage, et considérer que la transidentité, c’est une question, justement, d’identité. Et que si l’Eglise ne répond pas aux questions identitaires des personnes, elle passe à côté d’une de ses missions-clés.

Car il n’est pas suffisant de dire que « mon identité est en Jésus » et qu’au ciel, « il n’y aura plus ni homme, ni femme », encore faut-il définir, redéfinir, comprendre ce que Dieu a voulu lorsqu’il a donné à un tel un sexe masculin, et à telle autre un sexe féminin.

La transidentité fait débat au sein des chrétiens, parce qu’elle renvoie aux questions de fond, à la création de l’être humain et au caractère fondamental de la différence sexuée. Elle interroge sur ce qui est attribué à l’homme et ce qui l’est à la femme. La possibilité de ne se sentir ni homme, ni femme, interpelle d’autant plus que les personnes non-binaires bénéficient davantage aujourd’hui qu’hier, de bienveillance - tout au moins sur le plan du droit.

Parce que le sujet est complexe et de plus en plus urgent, nous vous offrons un extrait du livre « Dieu et le débat transgenre » en partenariat avec les Editions BLF et la marketplace eXcaléo à télécharger ici.

Pascal Portoukalian


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